Carrières-sur-Seine, samedi 12 décembre 2020
Monsieur le Maire,
Mesdames et Messieurs les maires adjoints,
Mesdames et Messieurs les conseillers municipaux
Au cours de la séance du conseil municipal du 28 novembre 2020, notre groupe Carrières Ensemble a posé la question orale suivante :
“Le 2 novembre 2020 avait lieu l’hommage national à Samuel Paty, professeur assassiné par des terroristes à Conflans-Sainte-Honorine. Nous déplorons l’absence totale de commémoration, ni même de texte hommage, de la part des élus majoritaires de Carrières-sur-Seine en soutien aux enseignants et pour défendre la liberté d’expression. Pourtant le même jour d’autres publications facebook sur l’avancement d’un chantier ont été publiées par la mairie. Ce n’est donc pas par manque de moyens mais par une réelle volonté de rester muets sur cet événement (…) Pourquoi n’y a-t-il pas eu d’hommage de la Ville à Samuel Paty?”
Après l’odieux assassinat, l’Association des Maires de France a appelé toutes les communes de France à témoigner de leur solidarité avec la victime et sa famille, de leur soutien à l’ensemble de la communauté éducative et de leur mobilisation pour défendre la liberté d’expression et la primauté de la laïcité dans l’organisation de la République (voir texte AMF).
Cette initiative a été partagée par de nombreux maires de France, de toutes tendances politiques. Au sein de notre communauté d’agglomération, à titre d’exemple, les maires de Saint Germain en Laye, du Vésinet, de Houilles, de Montesson, du Pecq, de Maisons Laffite, … ont témoigné leur soutien par un texte ou une commémoration.
Notre question n’avait donc rien d’incongru.
Monsieur le Maire a expliqué les raisons de cette décision collective des élus de la majorité de ne pas suivre cet appel à l’hommage de l’AMFpar le choix de respecter des consignes gouvernementales initiales entretemps revues, et surtout « de ne pas utiliser un crime odieux pour en tirer un quelconque avantage politique ». Sans pour autant l’approuver, nous entendons cette position et ces explications, même si elles ne nous convainquent pas. Nous n’avons donc pas commenté ces explications au sein de l’assemblée municipale qui n’est pas le lieu pour un débat et des développements politiques sur un sujet aussi difficile et douloureux.
En revanche, pour le simple fait d’avoir posé cette question, les élus du groupe majoritaire par la voix de Monsieur de Bourrousse nous ont accusés d’utiliser la décapitation d’un enseignant pour en faire un instrument politique et ont qualifié notre démarche “d’indigne” et “d’abjecte”. Il a qualifié “d’extrême bassesse” les arguments utilisés, qui étaient – pour rappel – la défense de la liberté d’expression et le soutien aux enseignants.
Ces trois termes (“indigne”, “abject”, “extrême bassesse”) sont clairement injurieux et pourront avoir cette qualification juridique s’ils sont maintenus.
En tout état de cause, des propos injurieux n’ont pas leur place au sein de notre assemblée, surtout en réponse à une position partagée par de nombreux élus de manifester notre attachement aux grands principes de la République et à une légitime interrogation d’élus de l’opposition.
Ces termes pour qualifier des élus dans l’exercice de leur mandatsont inacceptables.
En conséquence, nous demandons aux élus du groupe majoritaire de les retirer.
Quant au reste du discours qui qualifie notre groupe de “marxiste” et de “faire le creuset de l’islamisme en France” et ses développements sur les partis et la politique nationale en la matière, nous vous rappelons que nous représentons un groupe pluraliste sans étiquette politique. M. François-Charles Cuisigniez, directement visé par ces propos, a effectivement l’honnêteté politique de reconnaître son appartenance à un parti (EELV), mais il est le seul de toute notre liste ; d’autres membres de notre groupe ont par le passé montré leur orientation politique, différente de celle de M. Cuisigniez, certains étant même candidat sur la liste de M. De Bourrousse il y a 7 ans. Nous observons simplement que de tels propos sont contradictoires avec l’affirmation de Monsieur le Maire de ne pas souhaiter faire de récupération politique.
Nous espérons que les prochaines réunions en conseil municipal et en commissions se tiendront dans une ambiance de travail apaisée qui respecte la charte de l’élu local.
Pour le groupe Carrières Ensemble
François Charles Cuisigniez, Emilie Chalvignac, Alexia Miel-Boneham, François Ageitos, Fabienne Ratti