Du 21 au 29 novembre 2020, de nombreuses actions associatives soutenues par la ville et la Communauté d’Agglomération de la Boucle de Seine (CASGBS) sont organisées dans le cadre de la Semaine Européenne de la Réduction des Déchets (SERD).
La CASGBS a lancé notamment un Défi (presque) Zéro Déchet Nord Yvelines. Nous félicitons les familles carrillonnes qui se sont engagées dans cette démarche. La CASGBS précise dans sa newsletter du mois de Novembre que « le compostage est un levier important de la réduction des déchets puisque 30 % du poids total de chaque poubelle est composé de déchets organiques qui auraient pu être mis dans un composteur ».
Quentin Metayer, Directeur de l’Espace Public de la ville de Carrières-sur-Seine et des usagers du composteur collectif des Plants de Catelaine sont d’ailleurs interviewés dans cette même newsletter qui met en lumière cette initiative réussie et inédite dans la boucle de Seine. Il faut néanmoins aller plus vite et plus fort sur le déploiement de ces initiatives locales.
Dans cet article nous faisons le point sur les biodéchets :
- Pourquoi est-ce utile de les trier à part ?
- Pourquoi est-ce indispensable que les élus s’en soucient ?
- Nos propositions pour aller plus vite et plus loin dans la gestion optimisée des biodéchets ?
C’est quoi un biodéchet ?
Les déchets organiques ou biodéchets regroupent les déchets issus de ressources naturelles animales ou végétales. Dans les déchets ménagers, ils sont constitués surtout des déchets de cuisine (épluchures de légumes et autres restes alimentaires), des déchets verts du jardin (tailles de haie, tonte de gazon, feuilles mortes …) et des déchets en cellulose (essuie-tout, mouchoir en papier). Les papiers et cartons peuvent aussi être rangés dans cette catégorie. Les biodéchets se dégradent sous l’action des bactéries et d’autres micro-organismes : ils ont la capacité de pourrir et de fermenter, c’est pourquoi on les appelle également déchets putrescibles ou fermentescibles.
Pourquoi est-ce utile d’un point de vue environnemental?
Les biodéchets représentent près de la moitié de la poubelle moyenne d’un ménage, de 40% à 60 % de son poids (source : ADEME). Traiter séparément les biodéchets permet d’en extraire de l’énergie d’origine renouvelable grâce à la méthanisation et de produire du compost de qualité, permettant d’améliorer durablement la santé agronomique des sols et la croissance des plantes en diminuant le recours aux produits fertilisants issus de la pétrochimie.
A l’inverse, incinérer et enfouir les biodéchets conduit à des pollutions diverses, inutiles et à un gaspillage énergétique d’une matière composée de 60 à 90 % d’eau. Brûler de l’eau… un non-sens écologique.
Pourquoi est-ce indispensable que les élus s’en soucient ?
- Parce que c’est la loi et qu’il est important de s’y inscrire au plus tôt
A compter de 2025, les collectivités sont tenues de proposer à leurs administrés une solution de tri à la source des biodéchets, pour que ces déchets soient valorisés.
Plusieurs possibilités s’offrent aux collectivités :
- la collecte séparée (en porte à porte ou en apport volontaire)
- la gestion de proximité
- Compostage domestique individuel
- Compostage partagé comme l’expérimentation réussie dans le parc des Plants de Catelaine, unique à date dans la Boucle de Seine, mais non encore déployée massivement
- Le broyage et paillage de déchets verts
Par ailleurs, le retour au sol de ces matières organiques contribue au maintien de la fertilité des sols. Ainsi au-delà de l’intérêt de développer le tri à la source des biodéchets pour réduire les quantités de déchets non valorisés, la collecte séparée des biodéchets et la gestion de proximité présentent un intérêt pour les terres agricoles cultivées dans la Boucle de Seine, qui pourraient ainsi être enrichies par ce fertilisant naturel et local
Enfin, la prévention des déchets et l’économie circulaire sont des objectifs prioritaires à intégrer dans le Plan Climat Air Energie territorial (PCAET) de la Communauté d’Agglomération de la Boucle de Seine (CASGBS)*.
2. Parce que cela permet aux villes faire des économies
Le coût de la gestion des déchets à la CASGBS (pré-collecte, collecte, et traitement) est le 2ème poste budgétaire le plus lourd avec 31 millions d’euros par an, soit 92,7 €/habitants
Les élus de la CASGBS sont en train de travailler sur le renouvellement des marchés de pré-collecte et de collecte des déchets. Ils nous semble primordial qu’ils intégrent pleinement la gestion des biodéchets dans leurs choix stratégiques.
D’autant plus que la mise en œuvre du tri à la source des biodéchets peut être réalisée à coûts constants, notamment grâce aux conséquences de la baisse des quantités d’ordures ménagères résiduelles. De plus, les collectivités peuvent réfléchir à intégrer les déchets issus d’activités économiques, avec mise en place d’une redevance spéciale (les collectivités ne sont pas responsables des déchets des activités économiques)
« Sous réserve d’une participation forte de la population, les biodéchets sont théoriquement les déchets les plus rentables à collecter du fait de leur densité élevée, des grandes quantités produites, et par conséquent des optimisations possibles en termes de moyen. Par ailleurs, le coût de collecte des biodéchets est compensé par de nombreux facteurs et ne peut être simplement additionné aux coûts existants : réduction des quantités d’ordures ménagères (OMR) à éliminer, amélioration du rendement énergétique des OMR en incinération, réduction de fréquences de collecte des OMR…
Guide Pratique destiné aux collectivités : “La collecte séparée des biodéchets : une solution pour l’avenir”
Nos propositions pour aller plus vite et plus loin dans la gestion optimisée des biodéchets (mise à jour novembre 2020)
- Se donner des objectifs ambitieux avant 2025 : réduire de 30% le poids des ordures ménagères en sortant les biodéchets des poubelles
- Développer massivement les composteurs partagés dans tous les quartiers des villes de la Boucle de Seine
- Informer, sensibiliser et encourager les habitants
- Impliquer les habitants et communiquer sur leurs progrès collectifs (challenges par ville avec comme indicateur le ratio Ordure Ménagère Résiduelle vs biodéchets)
- Engager une réflexion sur une gestion plus industrielle des biodéchets, qui impliqueraient également les professionnels (restauration, commerce alimentaire), avec retour à la terre dans la Plaine de Montesson.